lundi 1 mai 2023

Les 3 mousquetaires : d'Artagnan réalisé par Martin Bourboulon (2023)



Attention : cette chronique sera assez déconstruite et divulguera quelques éléments de l'intrigue
Profitant d'une occasion pour aller voir cette adaptation avec quelques amis, nous en sortirons plus que mitigés, convaincus que l'on ne retrouvera ici ni le renouveau du cinéma français à grand budget, ni une nouvelle version des 3 mousquetaires digne de ce nom.
Il ressort toutefois de l'œuvre une photographie et maîtrise de la lumière magnifique, dans des décors réels de toute beauté, malgré une tonalité chromatique assez terne (ocre, sépia ?) , mais toujours distinguable. Ce qui est appréciable à l'époque actuelle où la mise en valeur excessive de l'obscurité rend les images peu lisibles.
On y ressent de bonnes intentions avec un soin porté sur les costumes d'époque, les courses à chevaux, tirs au mousquet... Et à la distribution composée d'acteurs confirmés. Seule l'actrice de Constance Bonacieux ne m'a pas convaincu, mais cela pourrait venir du "biais cognitif" dû au développement du personnage choisi par le réalisateur.

Et malgré tout, ce projet ambitieux est gâché par divers défauts, et au premier du titre desquels le montage et le cadrage, comportant beaucoup d'effets rarement en phase avec l'histoire : des scènes de combat souvent illisibles (ex : un début de passe d'arme dans le champ de la caméra puis soudain un gros plan sur l'épaule) et des partis pris qui m'ont fait rire comme la scène où la reine observe des combats de l'ouverture de la pièce où elle se trouve. Il y a pourtant quelques moments de grâce trop rares comme l'arrivée dans la cour des mousquetaires ou la course entre d'Artagnan et Milady.
Des dialogues insipides et ordinaires ne relèvent pas le niveau ("l'amour c'est comme des fusils"...),  à l'exception de quelques phrases semblant venir du roman. Le film recèle trop de répliques ordinaires, pour ancrer l'histoire dans une forme de réalité ? Il est vrai que l'on trouve souvent cette tendance qui abandonne le choix d'une belle écriture dans les dialogues.

Ce qui m'a le plus gêné a sans doute été le scénario à la tonalité plus "action-thriller"  avec une certaine noirceur que "aventure". Changer de tonalité pour réinterpréter une œuvre n'est pas rédhibitoire en soi, mais celle ci rate sa cible en ce qui me concerne en étant influencée par une forme idéologique qui touche la fiction aujourd'hui (le fameux "air du temps") :
- une relation entre Constance Bonacieux et D'Artagnan, auquel il est difficile de croire, tant elle ressemble à une amourette de deux adolescents empotés (de mémoire Constance n'est pas mariée dans cette version) et aux dialogues assez plats ;
- un Porthos bisexuel : et pour qu'on le comprenne bien, nous aurons une scène de dialogue (au moment de l'iconique défi avec d'Artagnan. sic!) et une scène de lit à trois (un homme et une femme de chaque côté du bonhomme) ;
- une insistance assez forte sur le passé qui a créé la Milady que nous connaissons ;
- une relecture de cette histoire traversée par les guerres de religions entre catholiques et protestants, élément central du scénario, laissant un arrière goût dans la bouche donnant l'impression d'une certaine parabole d'une histoire moderne où un groupe, victime de l'intransigeance d'une "majorité", a été poussée à agir au travers de l'attentat, inversant le rôle de la responsabilité...

In fine, une grosse déception pour des mousquetaires qui se rencontrent peu en fait... 

Pèle-mèle: Ecran de texte sur les guerres de religion, frère du roi va-t-en guerre, manoeuvres politiques pour provoquer une guerre, Athos protestant avec un frère qui serait fiché S de nos jours....et vient le sauver de son fourgon euh carrosse, .... 
Attentat à la bombe dans la cérémonie de mariage du frère du roi et mise en avant du rêve de création de la république protestante de la Rochelle)...


Aucun commentaire: