vendredi 20 novembre 2015

La guerre tranquille de Paul Mac Auley



Quatrième de couverture : Tout le monde était persuadé de l'imminence d'une nouvelle guerre contre les Extros, partis il y a plus d'un siècle pour fonder leurs colonies sur les lunes de Jupiter et de Saturne. Il fallait mater les Extros avant qu'ils lancent une autre comète sur la Terre ou développent quelque manip posthumaine qui les rendrait invincibles. La guerre était inévitable... »
     Macy Minnot va en faire les frais : ingénieur écologue envoyée en mission pacifique sur Callisto, elle voit son projet saboté et ses collègues assassinés. En revanche, Cash Baker, pilote de chasse, chauffe déjà les moteurs pour le combat dans l'espace. Tout comme Dave n° 8, agent créé en laboratoire pour infiltrer les rangs ennemis et y semer le chaos. Quant à sri Hong-Owen, sorcière génétique, elle n'a qu'une idée en tête : subtiliser les secrets de sa grande rivale extro...
     Loin de la Terre, les batailles ne font pas de bruit et les destins qui se croisent sur la toile d'un conflit interplanétaire sont bien peu de chose. Pourtant, une fois les hostilités déclenchées, qui peut en prévoir l'issue ? 


Paul Mac auley nous décrit un space opera circoncit au système solaire, où deux systèmes de valeurs s'opposent : une démocratie participative jusqu'à l'absurde (où l'on va jusqu'à voter pour condamner ou non un suspect) chez les Extros, habitants des colonies lointaines (à l'exception de Mars et la Lune), et un système d'oligarchie qui a la main mise sur tous les pays du globe terrestre et où toute fonction peut devoir à un membre d'une caste dirigeante...

Il nous raconte aussi, avec talent, l'opposition grandissante, dans une société humaine en transition, entre une partie,  à l'aube d'un transhumanisme, et le reste de l'humanité, méfiante et persuadée qu'une guerre sera bientôt fatalement nécessaire.
Et lorsque la politique extérieure (diplomatie et action de services secrets) sert de prélude à une opposition armée, les mots de "guerre tranquille" affleurent à la bouche - titre du recueil.

- Elles sont fréquentes ces émeutes ? demanda Sri.
- Désormais, il y en a au moins une par jour, madame. Et pas seulement à Brasilia.
- On ne peut plus arrêter les choses.
- Cela ne dure jamais très longtemps.

- Je parlais de la guerre Monsieur Cho. Le peuple a parlé. Il veut la guerre.


Les personnages sont bien décrits, profonds, avec leur dose de complexité nécessaire. L'auteur fait la part belle autant aux femmes et aux hommes, sans cliché. Certains personnages peuvent paraître moins sympathiques (tel que Macy Minnot), mais leurs réactions s'expliquent par leur passé. Personnellement je trouve que cela fait du bien de ne pas toujours avoir des personnages avec des réserves de fond charismatique.

Le world building est original, avec ces pays reconstitutés après la renverse (j'ai bien aimé la présence du "grand Brésil", qui recouvre les états unis actuels), avec les colonisations du système solaire, de ces villes et écosystèmes (biomes) en vase clos, et ces réflexions sur le devenir de l'humanité....

Diverses chroniques sur le net semblent avoir été rebutés par certains aspects. C'est que l'oeuvre n'est pas un space opera militaire et a pu rater son public. Je ne me suis personnellement jamais ennuyé dans cette œuvre de politique-fiction et d'espionnage croisée de hard science.



La guerre tranquille ? Un des meilleurs space opera qu'il m'ait été donné de lire ces dernières années. J'ai hâte de lire la suite. Une nouvelle traduction pour bientôt Bragelonne ?






Autres avis : traqueur,



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