mercredi 6 novembre 2013

Pluto (ou Suneung) 명왕성 réalisé par shin-su-won (2012)



Toujours dans le cadre du 8e festival du film coréen à Paris, j'ai assisté à la séance de Pluto (plus tard renommé Suneung), de la réalisatrice Shin-su-won.



Synopsis (Asian Wiki - traduit et adapté de l'anglais) :
Yoo-Jin (Sung Joon) est trouvé mort dans la montagne derrière son lycée. Joon (Lee Da-Wit) devient le premier suspect en raison de la présence de son téléphone portable sur la scène du crime et de témoignages de ses camarades de classe.
Joon est pourtant bientôt relâché pour manque de preuves.
Auparavant, Joon tenta de de joindre un groupe secret dans leur lycée, dirigé par Yoo-Jin. Ce groupe exclusif, comprenait uniquement le 1% des meilleurs élèves de son école. De sombre secrets de ce club seront en passe d'être révélés.



Pluto est un film d'une noirceur certaine. Il m'évoque un peu Memento mori de Kim-Tae-yong et Min-Kyu-dong (1999), mais dont le propos et la tonalité étaient différents.

C'est qu'ils ont en commun pour "personnage" à part entière leur lycée (en pensionnat), qui peut se représenter comme un organisme complexe et tentaculaire, vivant par ses habitants (de jeunes adolescentes/adultes qui découvrent la vie de façon passionnée) et par les interactions qu'ils génèrent dans les locaux en vase clos de leur vie scolaire...

Dans Memento mori, nous avions un dérèglement de la réalité progressif dans ce lieux délimité que constitue le lycée. Dans Pluto, le lycée est un bâtiment réformé, issu d'un ancien service de sécurité (qui pratiquait la torture pendant les heures sombres de l'histoire moderne de la Corée), et dont la configuration épouse les secrets et le drame qui va se nouer*. Car nous sommes aussi dans un film noir, à l'instar de Perfect Number, où le meurtre et son enquête est l'occasion de mettre en exergue les préocupations sociales des auteurs de ces films.

Ici la réalisatrice se penche sur l'enfer des études que représente le système scolaire coréen : l'entrée à l'université de son choix est issue d'un processus sélectif sévère, d'où une sur-compétition peut entrainer des excès... et mener éventuellement au meurtre.

La scène d'exposition nous dévoile tout de suite le décès et la présence du téléphone du jeune Joon. Mais que s'est-il passé ? Pourquoi en est on arrivé là? Le film va alors se dérouler sur deux lignes temporelles en les alternant : une première qui se prolonge à la suite du décès et de la garde à vue de Joon, et une autre qui démarre bien en avant, à l'époque où suite à un transfert il s'était retrouvé dans ce nouveau lycée. La progression de ces deux lignes de temps permettra au spectateur de découvrir en même temps que Joon la vie et les secrets de ce lycée.

Le propos pourrait être tenu pour angélique par les cyniques, mais il a le mérite de soulever le problème des biais (les avantages obtenus par l'argent et le réseau) qui viennent dénaturer la sélection scolaire théoriquement basée sur le mérite.

Au final, un excellent film noir pour les amateurs du genre.


* Ce n'est sans doute pas pour rien que l'affiche du film est une représentation  des escaliers du bâtiment, semblant étouffer un personnage placé au milieu.

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