mardi 5 novembre 2013

Perfect Number 용의자X , réalisé par Bang-Eun-Jin (2012)




L'un des avantages d'habiter à côté de Paris (cela compense ses défauts), est de pouvoir aller à de nombreux festivals de films et avant-premières : après l'étrange festival, j'ai pu assister à la projection de Perfect Number (Le titre original en coréen semble être "Suspect X", selon Wiki) dans le cadre du festival du film coréen à Paris, qui en est à sa huitième édition. Le film est adapté librement du roman "Le dévouement du suspect X" de Higashino Keigo, lequel livre est heureusement traduit aux éditions Actes Sud.




Synopsis (IMDB) : Suk-go, un brillant mathématicien, semble être un banal professeur de mathématique au lycée. Hwa-sun est sa voisine. Les deux deviennent inséparables quand Suk-go décide de couvrir le meurtre accidentel par Hwan-sun de son ex-mari alors qu'il la battait.


Avant d'aller voir ce film, j'avais déjà eu l'occasion de découvrir cette histoire, scénarisée pour le cinéma en 2008 par les japonais dans le cadre de la série Galiléo. En effet, lorsqu'une série fonctionne à la télévision, il n'est pas rare de voir arriver dans les salles un film issu de cette série. L'histoire du dévouement du suspect X avait ainsi été choisie et adaptée au cinéma. 
Nous retrouvions nos acteurs familiers de la série jouer leurs rôles habituels : A la suite de la découverte du cadavre de l'ex-mari d'une femme, l'enquêtrice croit à la culpabilité de celle-ci. Un peu dépassée par les indices qui ne concordent pas avec son intuition, elle fait appel à un scientifique de génie, Yukawa Manabu, pour l'aider à résoudre l'affaire. Hors, le voisin de la suspecte se trouve être un professeur de mathématique, ancien camarade du scientifique.
Si le film était excellent, sans effacer le drame de la femme victime de son ex-mari, il mettait en lumière la figure pathétique de ce génie solitaire, professeur de mathématique, et l'opposait au brillant Yukawa Manabu et à sa réussite.


Bien différente est la version de Bang Eun Jin : Du point de vue de l'histoire, le personnage du scientifique Yukawa Manabu disparaît, l'inspectrice est remplacée par un inspecteur qui devient l'ami du lycée du professeur de mathématique. Et sans spoiler, la fin est légèrement différente concernant le devenir de la femme ciblée par l'enquête.
Ces modifications par rapport à l'autre version peuvent s'expliquer par le propos développé par la réalisatrice : alors, que l'opposition du mathématicien et professeur de science disparaît, le film peut se concentrer sur le destin de Hwan-sun qui se sent totalement soumise dans la société, sans avoir le droit de faire un choix. Ainsi, elle est d'abord obligée de déménager pour fuir cet ex-mari violent, ensuite forcée de se défendre contre lui, et enfin - par la force des choses - obligée de coopérer avec son voisin qui cherche à l'aider. L'histoire devient ainsi le symbole de l'absence de liberté des femmes dans la société coréenne moderne.
Un autre point développé, renforçant cela, est la suspicion dans laquelle est enfermée Hwan-sun face aux hommes qui l'aident : le caractère altruiste de leurs actions est remis en cause (au moins jusqu'à la fin du film) car à chaque fois "ils veulent quelque chose en retour".... Mais n'est-ce pas le propre de l'Homme ? Nous sommes tous enserrés dans ces relations de "négociations" entre l'envie d'offrir et le désir de recevoir en retour. L'important, ce sont les motivations qui mènent à ces échanges. Le film Still Walking me semble très justement représenter cela. 

Les acteurs sont excellents, notamment, Ryoo Seung-bum (le professeur de mathématiques) et Lee Yo-won (la voisine). Le scénario comporte certaines faiblesses dans le cheminement de l'histoire tel que les moyens par lesquels l'inspecteur aura des doutes au sujet du professeur de mathématiques. Il y aura une peu de pathos vers la fin. Mais tout cela passe assez bien.

Un mot sur l'aspect visuel : la lumière d'automne (?) et les ensembles architecturaux (d'habitation ou de bureaux) coréens semblent mettre naturellement en valeur une ambiance de roman noir. Cela sert le film

Au final, malgré les libertés prises avec l’œuvre de départ, ce film est une bonne surprise. A conseiller pour les amateurs de romans noirs.

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