mercredi 23 janvier 2013

Eon de Greg Bear





Quatrième de couverture : Le Caillou semble être un astéroïde entré par accident au début du XXIe siècle dans notre système solaire. Mais lorsqu'il vient se placer en orbite autour de la Terre, les Russes et les Américains doivent se rendre à l'évidence. Il s'agit d'un vaisseau spatial interstellaire de trois cents kilomètres de long. Les sept chambres immenses qu'il recèle abritent des villes entières. Désertes. Mais pleines de merveilles technologiques et de bibliothèques contenant des livres d'histoire, rédigés dans toutes les langues de la Terre, qui décrivent un avenir terrifiant, Où sont passés les habitants du Caillou ? Où conduit la dernière chambre qui semble avoir une profondeur infinie ?

Eon de Greg Bear : je l'avais lu au lycée sans en garder plus qu'un souvenir assez nébuleux d'une société post-humaine au-delà d'un corridor (cela fait un peu magicien d'Oz) placé dans un astéroïde. Ce point constitue en fait l'élément le plus intéressant de l'ouvrage. Pour le reste, mon retour à la lecture commencera avec une bien mauvaise pioche.



Eon se place dans le sous-genre du "big dumb object", à l'instar de rendez-vous avec Rama d'Arthur C Clarke. L'objet artificiel égaré dans la banlieue de l'espace terrestre apparaît un peu comme un mac guffin, un prétexte à autre chose : la découverte d'un objet issu d'une ingénierie spatiale bien plus évoluée qu'à notre époque et/ou les conséquences de cette découverte sur la société humaine, par exemple.

Ces romans sont donc souvent un croisement entre roman d'aventure et roman de hard science. Eon ne déroge pas à la règle à ce niveau là, mais il rajoute un élément supplémentaire, celui du roman d'espionnage, hautement caricatural ici : on se croirait de retour dans un vieux Tom Clancy comme avec son "fameux" Octobre Rouge et ses poncifs.

L'ouvrage commence par une préface du fameux "GK" comme une forme de justification du postulat politique "de comptoir" du roman, très marqué par les années 80, pendant lesquelles l'URSS, en perte de vitesse par rapport aux USA, avait le choix entre abandonner la course aux armements, etc...ou passer à l'offensive armée. On reste peu convaincu du fait que l'étiquette d'uchronie soit attribuée ici à postériori et sans intentionnalité de l'auteur (n'est ce pas dans ce cas le lot de beaucoup d’œuvres romanesques de SF un peu dépassées?).

Basé sur les conséquences d'une fuite en avant, le roman daté des années 80 commence, 20 ans plus tard dans un état de crispation des 2 blocs, prêts à faire usage de leurs armes, alors qu'un astéroïde aménagé artificiellement apparait dans le système solaire. Les terriens découvriront bientôt que l'objet semble avoir été aménagé par des humains...provenant d'un futur avancé : les livres d'histoires des bibliothèques de cet astéroïde détiennent de nombreux renseignements à ce sujet, dont l'existence d'une guerre nucléaire censée se déclencher bientôt....Sous cet insoutenable suspens, nous découvrons un "Big Dumb Object" occupé par des équipes internationales de scientifiques et de techniciens chargés de découvrir la nature des objets laissés là et de répondre à l'énigme de la disparition de ses habitants. Bien sûr, ils ont des niveaux d'accréditation différents selon leur importance (faut pas déconner non plus), attribués par les USA (faut pas déconner non plus x 2).

J'avoue m'être vraiment ennuyé dans tous les passages "espionnage" (préparatifs d'opérations, "la grande URSS, camarade", considérations d'espionnage US, assauts , secrets divers...), ne reste du roman qu'un  plan de l'intrigue somme toute intéressant, et certains faits saillants tel que la description de cette société "post-humaine" du Cailloux.

Un roman donc marqué par les années 80, très caricatural concernant ses personnages, leurs réactions, etc... sans doute dispensable sauf si vous êtes un fan "hard-core" des gros objets mystérieux dans le ciel.


florilège :
# découverte de l'agent double - il y en a forcément un, et nippo-américain, bien sûr- puis explication avec lui :
"- Je suis américain Garry. J'ai fais cela pour nous protéger, également." [p235]
# Quand des russes parlent :
"- Pavel, je n'aime pas jouer la voix arménienne de la raison." [p305]
# Quand on parle des russes (sans doute en train de s'entretuer pour le pouvoir) :
"- Ils se comportent comme des russes (...)" [p387]
# Les membres de la société post-humaine (celle qui a des siècles derrière elle) restent toujours fiers de leurs ancêtres américains (faut pas déconner non plus x 3) quand ils en ont [p407]. Ils le font savoir par des petits drapeaux affichés [p407] ou dans le discours :
- "Les états unis nous ont donné la plus grande partie de notre culture, ainsi que les fondements de nos lois et de notre gouvernement. Nous éprouvons pour ce pays ce que vous devez éprouver pour Rome ou la Grèce antique. Nos citoyens s'enorgueillissent de leurs origines américaines." [p419].
God bless America....

... Et je ne vous raconte pas le passage sur le soudain désir sexuel adolescent de Lanier, l'un des personnages principaux...


Une autre chronique du terrible  Nébal;




4 commentaires:

  1. Je l'avais lu étant ado, et les concepts scientifiques m'avaient paumé... Ca a même bien failli me dégouter de la hard-SF...
    Depuis je m'y remets petit à petit, mais je garde un terrible souvenir de ce roman, surtout que la faible consistance des personnages n'ont pas relevé le niveau. Il me reste le souvenir d'une extrême froideur...

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  2. Plus jeune je lisais certains ouvrages de façon un peu sélective en sautant des paragraphes trop ennuyeux, ce qui a dû être le cas de celui-ci. La mémoire a fait le reste. Donc avant de le relire, j'en gardais une vision un peu plus positive.

    Mais malgré des idées à foison la faible structure de l'intrigue, le manque d'épaisseur des personnages et un américanocentrisme excessif* n'ont pas permis de sauver le soldat Ryan en ce qui me concerne.

    Après une lecture qui piquait un peu des yeux, j'aurais besoin d'autre chose. Une référence à conseiller ?



    *on verrait bien Chuck Norris dans une adaptation filmée, tiens...

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  3. j'ai été relativement déçu par ce livre. Les personnages sont relativement plats hormis les russes qui ont un peu de caractère.
    L'univers qui apparait au bout du tunnel est pauvrement décrit et la terrible menace des extraterrestre quasiment absente. En comparaison le cycle de rama est bien plus majestueux et élégant.
    la lecture des 50 dernières pages c'est avérée fastidieuse, tant le style et/ou la traduction sont peu clairs. je n'ai pas eu envie de lire la suite

    http://sfsarthe.blog.free.fr/

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    1. Effectivement les personnages sont tous en carton pâte, même les russes - qui sont des clichés du côté américain (je croyais revoir un téléfilm des années 80).

      J'ai lu il y a longtemps la suite et il me semble que des explications plus complètes sont donnée dans la suite. Mais ma mémoire me fait défaut.

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