mardi 8 mai 2012

Le vol du dragon d'Anne Mc Caffrey

Le vol du dragon (1ère édition 1971) - Dragonfly (1968)

Quatrième de couverture : Tout est calme en tous lieux sur la planète Pern. Les terrifiantes incursions des Fils argentés ont cessé depuis des temps immémoriaux. Les habitants ne savent plus pourquoi ils habitent dans des grottes et versent la dîme aux chevaliers-dragons. On ne croit plus aux mythes relatifs à leurs folles chevauchées sur les grands dragons télépathes et à leurs actions d'éclat contre les redoutables Fils, qui anéantissaient toute vie organique. Les dragons deviennent rares dans le ciel de Pern. Mais le chevalier F'lar, maître du dragon Mnementh, se remet à étudier les vieilles légendes. L'Étoile Rouge se rapproche. Bientôt les Fils se remettront à tomber. Sur Pern il faut organiser la défense, et pour commencer rendre à la race des dragons son antique fécondité. Une nouvelle Reine va naître. Il faut une fille énergique pour la chevaucher. Où trouver celle en qui survit le don ancestral ? 

Dans les années 70 et 80 paraissent en français les œuvres de deux grandes dames de la sf : Marion Zimmer Bradley et Anne Mc caffrey. Les trentenaires que nous sommes pour certains découvrent alors dans les années 90 la ballade de Pern et la romance de Ténébreuse en pocket sf  avec les couvertures de Suidmak. La SF n'était plus réservée aux messieurs (nous ne connaissions pas vraiment CL Moore ou autre...). Le "défi Anne Mc Caffrey" sera l'occasion de parler de l'une de ces dames.



Le cadre de la ballade de Pern, en intégrant des éléments de SF et fantasy, fut autrefois étiqueté en science-fantasy (1) : Pern est ainsi une colonie humaine perdue dans les étoiles, comportant des dragons qui peuvent aller dans l'interstice (une sorte d'hyperespace) et possèdent un lien télépathique avec leurs monteurs, lesquels ont assisté à leur naissance et développé ainsi cette forme de communication par "l'empreinte" . La technologie est peu ou prou moyenâgeuse. Un corps céleste, l'étoile rouge, effectue une révolution autour de Pern, et lorsqu'il se rapproche de la planète, les fils dévoreurs de vie se mettent à tomber.

La résistance à cette menace est vitale : la société humaine est toute entière organisée sur sa survie. Ainsi nous retrouvons une hiérarchisation horizontale des villes ou du corps social : les forts comportant la société civile et les divers corps de métiers sont chargés de pourvoir au nécessaire et les Weyrs, regroupant les chevaliers dragons, sont chargés de protéger l'humanité en brulant les fils en plein ciel.  D'autre part la société est organisée en corps de métier, les castes pourrions nous dire, avec des devoirs, orientés vers cette survie : transmission du savoir (ex : des harpistes, fileurs...) et protection face à la menace (lances flammes des artisans contre les fils ayant échappé à la vigilance des chevaliers dragons)...

Mais qu'arriverait-il si l'arrivée des fils se faisait attendre et que la durée entre deux passages durait plus longtemps (400 ans au lieu de 200). La société serait-elle à même de faire face à cette menace ?

Tout l'enjeu du livre est de répondre à cette question. 

F'lar, chef d'une escadrille de dragons, croit aux traditions qui relatent le retour des fils. Contre le relâchement des mœurs, son sens du devoir lui dicte de tout faire pour sauver Pern de la menace imminente alors que la taille de l'étoile rouge se développe. Il conserve un quelque chose du Lieutenant Drogo.

Il est à la recherche de la femme de caractère qui saura développer l'empreinte avec la future reine des dragons. Ce sera Lessa, dont la famille a été tuée par un conquérant. Rusée et manipulatrice, elle reste peu sympathique en un sens.

Bien que féminine, la plume d'Anne Mc Caffrey n'est pas féministe, et encore moins novatrice dans sa structure,  et nous découvrons un schéma que nous retrouverons plus tard dans certains romans bit-lists : le personnage principal féminin reste assez passif et attend la venue de l'homme qui résoudra au final une partie de ses problèmes. 

Ainsi Lessa trouvera la clé de la survie de Pern mais presque par accident et ses actions seront en partie dictées par une forme de révolte adolescente...

D'autre part le roman reste marqué par une conception de division des tâches traditionnelle : la communication (Lessa est la seule à pouvoir communiquer avec tous les dragons...) et l'intendance (la Dame du Weyr, bénéficiaire de l'empreinte de la reine des dragons pondeuse, est chargée de la gestion des affaires courantes), une affaire de femmes. Nous trouverons tout au plus une ébauche d'évolution de la position de certaines femmes à la fin du livre (2).

Au final, sans être en présence d'un chef d’œuvre, le vol du dragon est un roman de bonne facture, qui laissera une impression durable par l'univers original peint en toile de fond.

*****

(1) comme celui de Ténébreuse de Marion Zimmer Bradley
(2) les chevaucheuses de dragons "gagneront le droit" de se battre en brigade à la fin du livre 

Quelques critiques tirées du défi :      (Cédric Jeanneret) le vol du dragon              (Vert) le vol du dragon 

2 commentaires:

  1. C'est pas faux pour les poncifs sur les femmes, c'est ce qui date un peu dans ce roman (ceci dit toutes ces bonnes femmes ont beau faire la cuisine, elles ont quand même un sacré tempérament xD)

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    1. Je n'avais pas remarqué que Lessa savait faire la cuisine. ^o^
      Le fort caractère des personnages féminins est aussi un "trait caractéristique" traditionnel... Sans doute qu'elles doivent s'affirmer face à ces messieurs ?

      C'est un peu ce qui ne m'avait pas encouragé à poursuivre l'aventure dans Pern autrefois avec le fait que j'avais lu le maître des dragons de Jack Vance.

      J'imagine parfois le pitch suivant pour un roman de fantasy : Lilith est la flamboyante rousse de la Ville de xx-xy. Elle est la meilleure dans sa profession car si elle est une danseuse aux couteaux le jour, elle est une formidable voleuse la nuit. Mais tout va mal quand elle vole le rubis du(beau et ténébreux) mage Kevin, lequel doit repousser une entité maléfique grâce à cette breloque. Elle va devoir faire fi de son attirance (à son corps défendant)pour le mage et le protéger de ses ennemis le temps de retrouver le rubis...

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