Voici le brouillon d'une chronique que je n'ai pas réussi à mener à bien ... Avec le passage des jours et des pensées ou frustrations perdues dans le vent. Déçu par cette adaptation ? Oui....Pourtant j'étais prudemment et raisonnablement convaincu par la première partie...
A trop vouloir étreindre l'air du temps, on risque de se perdre en route...
En remarque liminaire, il est difficile de nos jours d'apporter une critique circonstanciée envers une œuvre, sous peine de se voir affublé d'une étiquette de "hater", personne présumée incapable d'être satisfait d'une adaptation. L'on nous pardonnera difficilement nos réserves pour un film qui, pris en tant que blockbuster de divertissement et en comparaison des Marvels, au niveau cinématographique assez bas, se trouverait installé sur un piédestal. Il est toutefois difficile de cacher sa déception quand on avait un matériel originel d'une grande richesse. Alors que nenni, essayons quand même de développer nos impressions... [La chronique ci-dessous divulgâchera un tant soi peu le roman ou le film].
Si Dune 1, avec quelques défauts, donnait la sensation d'essayer d'adapter honnêtement le roman de Franck Herbert dans sa complexité et l'ensemble de ses thématiques (parfois avec quelques trop brèves références : la guilde spatiale, les mentats... ), Dune 2, malgré des qualités graphiques formelles et un rythme accru, s'est éloigné de l'univers de l’œuvre, notamment en jetant aux orties toutes les références mentionnées dans la première partie et en donnant une place trop prépondérante au personnage de Chani (beaucoup moins présente dans le livre) ou au rôle de Jessica (pourtant déjà essentiel) et en réduisant cette histoire à une unique question (très appuyée) de révolution religieuse.
A l'instar de Blade Runner 2049, Denis Villeneuve nous propose une adaptation ainsi simplifiée, en partie par appauvrissement des thématiques de l'œuvre originale, enveloppées dans de belles images et un montage parfois curieux. Il me laisse une impression confirmée au fil de ses réalisations, d'être plus un bon technicien qu'un vrai cinéaste.
Sur ces tendances appuyées dans Dune 2, Dennis Villeneuve aurait confirmé dans quelques entretiens qu'il tenait à développer le passage chez les fremens et leurs traditions, la présence de Chani, et dans une moindre mesure celle de Jessica, tout en appliquant une focale sur la manipulation religieuse.
Dune 2 : une adaptation appauvrie, dans l'air du temps
En impression générale, l'aspect visuel est vraiment soigné et Villeneuve confirme ses qualités graphiques pour amener des visions monumentales de SF, s'il en était besoin, Cela évoque puissamment les illustrations d'ouvrages des années 70 ou 80 (comme suidmak). Nous en avions déjà eu un aperçu dans contact. La réalisation est plus nerveuse, notamment pour les scènes d'actions. Ce qui créé quelque part une vraie rupture de rythme avec la première partie de Dune.
En dehors de ces scènes, il ne se passe finalement pas grand chose et plus on avance dans le film, plus on s'éloigne du matériel d'origine pourtant d'une densité folle, dans une démarche de simplification forcée. Pourtant le film est long et aurait pu développer des aspects de l'oeuvre originale, évoqués dans la partie 1. Mais la partie 2 choisit de faire disparaître le rôle des mentats et celui de la guilde spatiale, d'affadir la présence du baron Feyd Rautha dont on ne sent plus le caractère de déviant machiavel (au sens figuré).
La durée déjà longue du film 2h46 mn pourrait inciter à dire qu'il était difficile d'en rajouter plus, pour se coller au roman, mais une grande partie du film est excessivement occupée de scènes centrées autour de Chani et dans une moindre mesures de Jessica, ou bien par des descriptions des coutumes des fremens.
Au centre les femmes ...
Il est fort possible que des spécialistes de l’œuvre romanesque de Frank Herbert me contredisent, alors les éléments suivantes seront surtout totalement subjectifs, issus de l'image que je me suis fait de cet univers, de mon interprétation personnelle. Mais voici...
dans le roman, même dans le même camp, sa mère devenue mère révérende, cherche autant à le contrôler et conserver le pouvoir. Le cheminement de Paul est de ne cesser de chercher à échapper aux pouvoirs qui le contraignent (dont le bene gesserit et par extension sa mère). Même s'il finira par découvrir qu'il ne lui restera que très peu de latitude de choix possibles. Le sentier d'or qu'il cherche à suivre peut apparaître comme une autre soumission, celle du destin, ou bien celle issue de la planification mise en place par le bene gesserit pour faire apparaître le kwisatch haderach, une existence qui les dépassera...
Dit autrement, son geste de risquer sa vie à boire l'épice, m'apparaît comme une tentative de recevoir le savoir qui permettra à Paul d'obtenir sa liberté, c'est à dire la connaissance pour trouver un chemin du moindre mal dans les visions qui l'assaillent.
Dans le film, sa mère devenue mère révérende grâce à l'eau de l'épice, le pousse à la boire, persuadée qu'il est le "kiwi" ultime. En un geste d'adolescent révolté et assailli de ses visions, il décide de partir dans le nord tout casser avec sa copine adolescente elle aussi en colère. Quand les keufs nazirkonnens se pointent, ils repartent dans le sud. Il rejoint sa mère et prend la drogue de sa dealeuse de daronne , fais un mauvais trip dont il ressort avec des visions.
Plus
sérieusement, il reste l'objet du contrôle sans avoir vraiment une
capacité d'agir autre que par réaction et à son corps défendant, comme un adolescent rétif. Un
passage vers la fin dans le dialogue entre mères réverantes est
ainsi signifiant. Les femmes contrôlent, quelque soit l'illusion des hommes. Ce point est renforcé par les "scènes" de fin dans le dialogue entre révérantes mères.
Films et romans, romans et films, des problèmes éternels d'adaptations à nos époques...
Le roman de Dune donnait l'impression d'une oeuvre que l'auteur avait voulu détacher d'une analogie simpliste de son temps alors que le film semble vouloir s'y plonger, s'y raccrocher :
- l'emphase sur la division Nord et Sud d'Arrakis ;
- la religion et ses manipulations de masse par un étranger, le seul thème ?
- une durée de révolte inférieure (grosso modo inférieure à la grossesse de la mère de Paul);
- l'absence d'alya qui est représentée en fœtus à qui on parle;
- le passage sur la chevauchée du vers, je crois
- la recréation du personnage de Chani (sa caractérisation n'est pas toujours heureuse).
- le dénouement du film différente où est gommé l'aspect sur le pouvoir économique : le pouvoir de la guilde, des banquiers et transporteurs est occulté, etc...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire