jeudi 18 janvier 2018

Star wars épisode VIII



Comment commencer une chronique sur "l'objet star wars" du moment, c'est à dire l'épisode VIII ? Tâche assez ardue où tout a été dit avec parfois des discussions assez "dynamiques" sur le sujet. Cette chronique comportera quelques spoilers.

Dans le cadre de ces discussions, le dialogue est souvent apparu compliqué, me heurtant avec des réactions assez vives, pour avoir été présenté comme un fan exigeant et impossible à satisfaire, ou idéalisant la première trilogie au delà du raisonnable le passé etc...

En effet, je n'ai pas aimé, mais je suis toutefois rentré dans la salle de cinéma avec un apriori favorable. Sans être un fan extrême, j'ai connu et aimé star wars par ses films, plus que par l'univers étendu, et par son premier jeu de rôle sur table - il y a longtemps et dans une lointaine galaxie.

Sans la détester, j'ai été plus circonspect au sujet de la prélogie, trouvant qu'elle a eu en son temps le mérite d'exister et de posséder quelques qualités (à l'exception du gungam et de la romance du 2e épisode), au titre desquelles garder une vision et cohérence à cette oeuvre.

J'ai trouvé intéressant l'épisode VII et globalement apprécié Rogue One , j'ai donc sauté sur l'occasion quand un ami de passage à Paris m'a proposé d'aller le voir.

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Je suis sorti de la salle avec des émotions contradictoires puis un vrai sentiment de trahison d'une licence. Si le spectacle était au rendez-vous avec quelques belles images, les nombreuses incohérences du scénario et le manque d'unité avec l'épisode VII m'ont totalement gâché le spectacle.

Des ennemis parfois d'une stupidité sans borne (général Hux) dont les actions hésitantes et erreurs de jugement ne sont là que pour permettre aux rebelles de survivre un peu plus longtemps... Des fanfaronnades comme de mauvaises bandes dessinées (allo ? Vous m'entendez ?) de pilotes seuls contre des croiseurs, là pour gagner du temps... Des princesses sensibles à la force qui l'utilisent naturellement dans le vide intersidéral (avec des poses à la superman)... Des personnages qui ne veulent pas que d'autres jurent...

Mais fondamentalement, une série de problèmes m'a gêné :
- la vanité de toutes les actions entreprises par po et sa clique pour tenter de sauver la rébellion (et son esprit) alors que justement le film semblait insister sur la transmission de cette étincelle de résistance contre le pouvoir totalitaire. Ainsi, le dénouement et le salut se jouait uniquement sur le théâtre de la bataille de la Force entre Luke, Rey, Kylo Ren. Contradiction interne qui bute l'une des valeurs qui constituait l'essence des précédentes trilogies : l'idée qu'un acte rebelle est porteur d'un sens et d'un effet, même à niveau micro, quelque soit le personnage. A la limite toutes ces péripéties auraient pu être passées sous silence.
- la forte présence du style marvel (le changement de nature de l'humour, qui se porte vraiment sur la "blagare", l'enchainement de péripétie au-delà d'une construction de scénario - même simple -). A certains moments, je croyais me retrouver dans un Avengers...
- l'insistance assez lourde de vouloir "casser les mythes" (après avoir tué mon père, je vais tuer ma mère mais non finalement je n'appuie pas sur le bouton... Oh mais quelqu'un d'autre l'a fait pour moi...)

Le temps de digérer cette séance de cinéma, je profiterais sans doute d'une séance chez un ami pour me donner une chance de réviser mon avis sur cet épisode dans un futur plus éloigné. 

Au final, la mainmise de Mickey sur la licence star wars se fait ainsi de plus en plus sentir, dévoilant cet aspect industriel du process de production industriel des blocks busters d'aujourd'hui, m'éloignant définitivement des salles obscures pour l'épisode IX.  J'aurais sans doute autre chose à faire.


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Sur ce sujet, quelques textes qui m'ont beaucoup parlé :
- Chronique philo : « Star Wars », la fin des mythes par Thomas Schauder, professeur de philosophie (Le Monde 20/12/2017)
 Où la patte de Disney sur Star Wars tend à déconstruire le mythe star wars (voulu comme un mythe universel par Lucas, fortement inspiré des travaux de Campbell), notamment par la dérision, sans forcément le remplacer  par autre chose.
- Pourquoi Les Derniers Jedi divise tant la communauté Star Wars par Philippe Guedj (Le Point 22/12/2017)

Où est noté un ressenti assez fort pour un manque de cohérence scénaristique, notamment de continuité avec l'épisode VII et le suspense ménagé en fin du précédent épisode. L'absence de réponses, et le déficit d'explications comme le changement de paradigme dans l'usage de la force - celle-ci ne nécessitant plus d'entrainement pour être maniée - (par exemple la scène avec Leia dans l'espace, amenée de façon totalement abrupte)  L'auteur de l'article mentionne également la fin des mythes, où les héros de star wars deviennent des copains...

- Pourquoi SW8 divise-t-il autant ? Interview de Jean-Luc Sala (Site superpouvoir.com)

 Où l'épisode VIII est décortiqué par l'oeil d'un scénariste.


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