jeudi 5 juillet 2012

Les culbuteurs de l'enfer de Roger Zelazny



Curieuse trajectoire que cette œuvre atypique de Roger Zelazny :

-Dans sa conception et les thèmes mis en jeu :

L’immortalité ne fait pas partie de la thématique de l’auteur, le rythme y est différent. La nouvelle d’origine avait ainsi été rédigée « sous influence » (^o^ ) :

Patrice Duvic: Puisque nous parlons de vos thèmes, il y a un de vos romans qui me semble très différent des autres : Damnation alley. Et tout d’abord aucun personnage d’immortel n’a réussi à s’y insinuer...

Roger Zelazny  : En fait ce n’est pas vraiment un roman. C’était un long récit, que j’ai développé par la suite. Je voulais quelque chose avec beaucoup de mouvement, au rythme très rapide, et je voulais aussi l’écrire très rapidement. Donc je l’ai écrit le soir, en trois semaines (j’étais encore fonctionnaire de l’Etat), et c’était de l’écriture très automatique. J’étais à moitié ivre la plupart du temps. Je n’arrêtais pas de boire de la bière tout en écrivant. C’était très inhabituel, et cette histoire est un peu une anomalie. Je ne me souviens pas d’avoir fait quoi que ce soit de spécial sur le plan des personnages et des idées. Je voulais juste raconter une histoire d’action et j’ai pensé que le mieux pour introduire beaucoup d’action serait de baser ça sur une sorte de voyage. Et c’est ce que j’ai fait.


- Dans son parcours éditorial (longueur du texte, titres et traductions) :

D’abord avec une nouvelle, Damnation Alley, (1967), étendue en roman (1969).

La nouvelle sera traduite en français sous le titre « L’Odyssée de Lucifer » dans la revue Galaxie (n°53).

 Le roman sera ensuite traduit sous le titre « Les culbuteurs de l’enfer » par François Lasquin et publié par les éditions champs libres – collection  chute libre (1974), puis par les éditions Jean-Claude Lattes (1979). Il bénéficiera d’une nouvelle traduction de Thomas Bauduret sous le titre « Route 666 » (2000).

- Dans son parcours cinématographique :

Damnation Alley est le seul texte du maître a avoir bénéficié à ma connaissance d’une adaptation cinématographique (Les survivants de la fin du Monde – Jack Smith). L’auteur, s’il avait apprécié le script original, serait tombé de haut en voyant le résultat, très éloigné de son œuvre. Bien que ne l’ayant pas vu, il semble que cela soit un « film de haute volée », une mission pour ce site. A vérifier à l’occasion.

*****


Le volume que je possède est la première édition du roman – sans doute un incunable (1) – dans la collection « chute libre ». Il me semble que l’un des arguments pour l’édition de 2000 fut la faiblesse de la première traduction. Sans pouvoir comparer avec l’œuvre originale, je ne saurais évaluer « la première version française », mais celle-ci ne m’a pas posé de problème de lecture.

L’illustration est une horreur, vous aurez donc droit à la version américaine*.

Quatrième de couverture : Hell Tanner est un enfoiré de première, un Hell's Angel qui n'a jamais eu le moindre respect pour la vie humaine, la loi et l'ordre. Mais dans un monde broyé par les épidémies, où des rocs tombent du ciel, où les chauve-souris sont de la taille d'un Boeing et les compteurs Geiger dans le rouge, Tanner est la dernière chance de la ville de Boston. À la tête d'un convoi de véhicules blindés, équipés de roquettes et autres canons, il va devoir traverser le pays, de la Californie à la Nouvelle-Angleterre, en suivant la route 666, la route de l'enfer sur terre.

Le quatrième de couverture décrit bien le cadre du roman : nous suivons donc le voyage de Hell Tanner, "affranchi", pour aller livrer des vaccins de l'état de Californie à celui de Boston, victime d'une épidéme, dans une Amérique détruite suite à une guerre nucléaire et une nature devenue folle.

Nous pourrions ajouter que si l’immortalité, et le rythme trépident du livre seront peu familier aux zelazniens, ils retrouveront un «  je ne sais quoi » du style du maître dans le personnage, lequel inscrit  sa légende dans un chemin balisé (la route entre les deux côtes américaines, les hell's angels). On n’est donc pas loin de certains mythes modernes. Un roman très « mad-maxien » avant l’heure dans un monde post-apocalyptique.

A lire pour les fans afin de découvrir une autre facette du maître et pour les autres aussi…


(1) Récupéré chez un bouquiniste avec un bandeau sur l’œil et une jambe de bois, venu à notre taverne, un soir… A ce propos, je suis à la recherche des premières éditions de l’auteur sur toutes ses œuvres, n’hésitez pas à me contacter.

* même si aucune illustration n'apparaît satisfaisante.

Sources :
Entretiens de R. Zelazny ; Wiki ; ma bibliothèque…

L'avis de lutins...de Monsieur Henri...

6 commentaires:

  1. J'ai bien Zelazny, même si j'ai encore beaucoup à découvrir de lui.
    Je prends note de ce roman, court et apparemment sympathique.

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  2. C'est de la bonne je pense, mais elle ne fait pas le même effet sur tout le monde - être un indécrottable fan de l'auteur aide sans doute (^o^).

    En cas de lecture, la nouvelle version est sans doute à privilégier même si le titre est moins pêchu...

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  3. Encore une intéressante suggestion !

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  4. Je serais curieux de voir votre avis à tous les deux en cas de lecture.

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  5. Mon pote Henri en avait causé, par là
    http://www.yozone.fr/spip.php?article2690
    Encore un fan de Roger...

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  6. Très intéressant.

    Il faudrait que j'aille jeter un coup d’œil sur yozone un de ces jours. Je ne connais que le blog postérieur de Monsieur Henri.

    Je rajoute le lien à l'article.



    Roger est grand, même quand il l'est moins.

    J'ai parfois l'impression qu'il est pourtant assez décrié dans la blogosphère...

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