lundi 22 août 2011

L'ange du Chaos de Michel Robert


Mot de l'Editeur = Michel Robert est né en 1964. Ancien handballeur de haut-niveau, amateur de bon vin et de bonne cuisine, il doit sa plume alerte et son sens aigu du récit à une passion de toujours pour la fantasy et le roman noir. Après avoir collaboré avec Pierre Grimbert sur l’écriture du cycle de La Malerune, il explore avec le cycle de L’Agent des Ombres un registre plus personnel : une fantasy aux accents crépusculaires, teintée d’humour noir, de violence et d’érotisme, qui n’est pas sans rappeler la saga d’Elric le Nécromancien de Michael Moorcock.

Afin de conserver l’équilibre cosmique du monde, l’ambassadeur des Ténèbres et l’archimage du Chaos s’allient pour contrecarrer les projets de la Lumière et l’empêcher d’étendre son influence. Ils envoient pour cela Cellendhyll, connu sous le nom de l’Ange du Chaos, chargé d’assassiner un mystérieux haut dirigeant de la Lumière. Mais ce guerrier, autrefois au service de la Lumière, mène sa propre quête, obsédé par le désir de se venger de ceux qui, dix ans plus tôt, ont trahi son amitié en l’accusant de meurtre et en le laissant pour mort. Un périlleux chemin semé de combats et de rencontres le mènera à la Cité des Nuages, la capitale de la Lumière du Plan Primaire, où l’attend son destin, ainsi que celui de l’ensemble des Plans…  


Il m'aura fallu quelques années avant d'ouvrir ce livre, en raison d'un sentiment mitigé dû à la couverture : on ne soupçonne pas assez le pouvoir d'une illustration ou du quatrième de couverture pour inciter ou non à la lecture d'un roman. Ainsi de l'illustration de Julien Delval qui prenait des relents de Moorcok avec Elric ou un autre de ses champions éternels, ce qui n'est vraiment pas ma tasse de thé. Ou alors le résumé qui tendait à conforter cette idée : l'empire de lumière, les puissances du Chaos...


Le résultat est toutefois loin de Moorcok et tend plus vers la fantasy "rôlistique" (tel que les plans, les différents peuples, à l'instar des "sylvestres" fendyrs ) tout en étant original et bien intégré. Il y a sans doute un côté fanfiction assumé avec les techniques des personnages (la transe "zen"* du héros en cas de combat - à 2 niveaux : initié, adepte) ou le nom des villes (Ambre, coruscante...).


Le roman, bien rythmé, se lit agréablement. Il reste toutefois l'impression de quelques maladresses (1) ou d'une surabondance scènes d'actions au début du roman avant d'arriver à l'essentiel dans la citée des nuages : certaines coupes auraient été préférables. De plus, le prologue amenant  à espérer de nombreuses intrigues (cf la rencontre entre le représentant du Chaos et celui des ténèbres), leur absence déçoit un peu. L'auteur aurait donc dû porter un peu plus d'attention à ce point.


L'univers est composé  de diverses dimensions appelées "plans" et hiérarchisées entre un plan primaire et de plans secondaires qui tirent leur force de leur pierre de vie, chacune connectée au plan primaire; la perte de cette pierre brisant le plan secondaire.
Le roman s’intéresse au destin de Cellendhyll, sorte d'Edmond Dantes  rongé par un besoin de vengeance dans un contexte d'affrontements de diverses puissances (la lumière et les ténèbres pour les principales, le chaos pour le petit challenger, et d'autres puissances périphériques tel que la sylve) pour le plan primaire.

A noter la présence de scènes de sexe, ce qui est assez peu courant. L'auteur d'ailleurs intervient à ce sujet dans l'entretien accordé à Elbakin (2) avec le concept du "sexe strictement nécessaire" du point de vue de l'intrigue. Il me semble que la chose est parfois exagérée (notamment avec la scène outrancière et loufoque** concernant le personnage Rosh) même si c'est la plus part du temps bien intégré et rend le roman un peu plus mature que d'habitude. 
D'une manière générale, une place importante est accordée aux plaisirs terrestres  (plaisirs de la chair ou d'un bon repas arrosé de vins et de café, drogues récréatives, etc...). Cela fait parfois penser à "De l'eau tiède sous un pont rouge" où Shohei Imamura fait dire à un personnage que l'essentiel pour un homme est la chose et la bouffe***.


Alors pour qui ? Pour les amateurs de romans de fantasy ADD**** adultes relevés d'une pointe d'Ambre. Bref, quelques poils au dessus des séries B.

*****


Notes où l'on apprend que :
- Cellendyl et Reydorn sont tous deux passionnés de littérature zelaznyenne (p180) ;
-dans ce monde l'on parle aussi espagnol "Viva el Festival !" (p206).


(1) Note : j'aimerai juste que l'on m'explique comment la hache d'un gigantesque ikshite peut se trouvée parée par la dague du héros (p121)
(2) "Cela dit, j’essaie vraiment de ne pas mettre du sexe gratuit dans mon cycle. Lorsque mes personnages couchent, cela doit se justifier, soit par l’histoire, soit par la motivation des protagonistes."

* rappelons que zen est un mot japonais issu du chinois, désignant une forme de bouddhisme insistant sur la méditation afin de parvenir à l'état.
** j'ai beaucoup ri à ce moment.
*** ou à Tampopo d'Itami Juzo, les fans du film comprendront. 
**** pour Advanced Dungeon & Dragon, le premier jeu de rôle, se déroulant dans un cadre de fantasy. ADD et ses successeurs ont été générateurs de nombreux clichés dans cette littérature de genre.

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