lundi 6 septembre 2010

Le vieil homme et la guerre de John Scalzi (2007)



En raison de son titre, j'avais longtemps repoussé la lecture du livre de John Scalzi "Le vieil homme et la guerre" (the old man and the sea), craignant une sorte "d'Ernest Hemmingway dans l'espace". Le titre malheureux, est en fait la traduction de "Old man's war" et représente imparfaitement le bouquin.

La critique du sacré Nébal aura vaincu mes résistances et permis la découverte d'un roman particulièrement intéressant.


quatrième de couverture = “J’ai fait deux choses le jour de mon soixante-quinzième anniversaire. Je suis allé sur la tombe de ma femme et je me suis engagé.” À soixante-quinze ans, l’âge minimum requis, John Perry n’est pas le seul à intégrer les Forces de défense coloniale, le seul ticket pour les étoiles, mais sans retour. Plus rien ne le retient sur Terre. Combien d’années de vie peut-il encore espérer? En revanche, s’engager, c’est défendre la Terre, protéger l’expansion de l’humanité dans les étoiles, retrouver une seconde jeunesse et, à l’issue du service, obtenir le statut de colon sur une planète nouvelle. Sur Terre, nul ne sait ce qu’il advient de ces recrues à part qu’on leur promet une guerre sans merci contre la myriade d’espèces intelligentes qui se partagent un “ espace vital” interstellaire beaucoup trop étroit. John Perry devient donc soldat. Avec son nouveau statut commencent les révélations, inimaginables.
Le Vieil homme et la guerre s’inscrit dans la lignée de deux grands classiques de la science-fiction : Étoiles, garde-à-vous ! (Starship Troopers) de Robert Heinlein et La Guerre éternelle de Joe Haldeman. Mais avec des qualités narratives qui lui sont propres, il développe sa propre thématique, une exploration de ce qui définit in fine l’être humain et une vue pragmatique mais pessimiste des relations à venir inter-espèces. Le Vieil homme et la guerre est le premier roman de John Scalzi, journaliste et essayiste américain qui vit dans l’Ohio. Avec ce livre, il a été finaliste du prix Hugo et a obtenu le prix Campbell du meilleur nouvel auteur.

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Nous n'analyserons pas l'intrigue, mais noterons que la petite faiblesse narrative se trouve dans la romance et l'attitude de "héros" d'une partie du bouquin. Portons surtout notre regard sur le point fort de l'œuvre, l'univers créé par John Scalzi, bourré de bonnes idées. [Attention, spoiler].

I- une société libérale

Si nous n'apprenons pas grand chose sur les colonies spatiales (et leur planète capitale phénix) dans le détail, l'auteur présente une société non démocratique en état de guerre où certains droits ne semblent pas respectés (tel que les révoltes minières pour lesquelles on envoie l'armée). Il ne semble pas non plus s'agir d'une dictature mais d'une société libérale (dans laquelle on respecte les contrats, notamment d'engagement militaires). On peut supposer que cette société se rapproche de celle décrite également en filigrane par Heinlein avec Etoiles garde à vous.

II- Un gouvernement pratiquant le réalisme politique

Nous n'avons aucune information entre la période contemporaine et le futur du roman, notamment au sujet du premier contact avec des extra-terrestres, mais les relations inter-espèces sont régies du point de vue de la compétition pour s'approprier les ressources limitées que constituent les planètes habitables. Les conflits sont donc les principaux contacts envisagés (voir possibles, au regard de modes de pensées différents?). A mettre en relation avec Stephen Hawkins et son exhortation à relancer la conquête spatiale.

III- Le coût de la guerre

Se pose alors la question du coût (humain et matériel) de l'entretien de forces en état de conflit permanent .
Les ressources matérielles seront probablement fournies par les colonies (une scène nous montre que les mines, d'importance stratégique ne peuvent se permettre des grèves).

Le progrès technologiques sera pourvu grâce aux conflits : ainsi, l'analyse du matériel pris à l'ennemi permet de faire des progrès technologiques plus rapides que la recherche fondamentale (cette idée se retrouve également chez Stephen Baxter - avec l'analyse du matériel xeelee).

Le coût humain semble moins se porter sur la société coloniale (ou tout du moins son centre avec phénix) que sur la terre, permettant sans doute de le rendre plus acceptable.

En effet, la terre est maintenue dans un sous-développement technologique (aucun transfert de savoir) , les départs hors du système sont contrôlés et les informations filtrées.

Dans ce cadre, les forces coloniales offrent un "contrat faustien" à toute personne agée : s'engager dans l'armée pendant une durée de 10 ans et risquer sa vie en échange d'une meilleure santée (sans précisions sur la nature du "rajeunissement"). Cela permet d'obtenir l'adhésion des populations de la terre autant que des candidats qui bénéficient d'une nouvelle chance malgré le taux de mortalité élevé.


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Cet univers, bien pensé, est émaillé d'innovations telles que l'ami-cerveau, un ordinateur interne intégré dans aux personnels militaires ou la technique de transfert des corps et les brigades fantômes lesquelles posent le questionnement de l'identité...

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