mardi 8 octobre 2019

La maison des mages d'Adrien Tomas (2013)


Quatrième de couverture : Tiul est le plus mauvais étudiant de La Maison des mages, plus intéressé par les filles des tavernes que par l'art qui permet manipuler les forces de ce monde.Anthalus est un mercenaire de bas étage qui vit au jour le jour entre tueries et trahisons.Qiruë, craintive et chétive, est la dernière représentante du peuple moribond et décadent des Elfes, méprisée et haïe par ses supérieurs.Alishr est un jeune écuyer malingre qui rêve de devenir paladin, malgré les brimades dont il est la victime.Ce ne sont pas des héros, et il est probable qu'ils ne le deviennent jamais.Pourtant le destin du monde va heurter le leur de plein fouet et les jeter face à des forces magiques aussi anciennes que l'univers.C'est avec et contre elles qu'ils devront écrire la légende des siècles à venir. Entre surprises, trahisons et action virevoltante, il n'est pas dit qu'a la fin, tous les masques soient tombés.
Dans un style vif, mordant et rythmé, l'auteur propose une aventure haletante où rien n'est établi, une saga brillamment écrite au souffle épique, digne des grands maîtres de la fantasy.Après le succès de La Geste du Sixième Royaume (prix Imaginales 2012), Adrien Tomas revient en force avec un roman ambitieux, créatif, original, qui confirme son immense talent de conteur.

Porté par une envie de lectures de l'imaginaire, je me suis plongé dans la maison des mages d'Adrien Tomas, auteur dont j'ignorais tout des œuvres. Un roman "La geste du sixième royaume" (2011) précède celui-ci chronologiquement mais les histoires sont indépendantes. Cette chronique comportera quelques spoilers.

La fantasy met en avant un de mes paradoxes de lecteur : j'aime cette littérature qui s'exprime dans le cadre d'un genre des littératures de l'imaginaire, en lis beaucoup, et pourtant je me lasse assez vite à retrouver souvent les mêmes schéma. J'apprécie peu la thématique de la fin de l'âge d'or, à l'instar du seigneur des anneaux, œuvre pourtant fondatrice. Et je suis moins sensible face à certaines œuvres innovantes ou sous genres tel que la dark fantasy que je trouve inutilement gore et ou sombre (comme Le baiser du rasoir). Pourtant et pourtant, je trouve aussi à l'autre bout du spectre les David Eddings un peu trop "mous"...J'accueille donc toujours avec circonspection toute nouvelle lecture de fantasy, mais je fus au final assez marqué par cette lecture. 

D'abord, pour un deuxième roman, Adrien Tomas écrit bien. Il maitrise son écriture et son intrigue, malgré la multiplicité des personnages, tout en faisant avancer son histoire. Ensuite il met en place un univers assez complexe en mutation - avec des avancées technologique portant certains peuples vers le début de l'ère industrielle avec de la magie des limbes (mondes des esprits) comme source d'énergie & une sorte de fin de l'âge d'or, mais c'est moins sûr, plusieurs nuances sont à avancer : 

[Spoilers]
car si l'univers a l'apparence d'une fin d'un âge d'or (disparition des elfes et déclin des nains et d'autres créatures), il ne s'agit pas de la disparition de la magie et d'un monde de merveilles vs un monde de technologie sans spiritualité, mais de la lutte entre un ancien système de valeurs, un monde soumis à deux aspects (sortes de principes divins qui se combattent par cycles) "la Nature vs le Progrès" avec leurs prophéties, prophètes, croisades (éléments saillants d'une fantasy classique) ET un nouveau système de valeurs, matériel et rationnel prônant la fin de l'histoire, et où les puissances magiques sont pliées à la volonté, asservies (les aspects pouvant également être vulnérables).

L'auteur ponctue peut-être ainsi le début de la transition industrielle d'un monde magique où rien n'est toutefois sûr concernant la fin d'un cycle, les anciens principes divins ayant l'occasion de faire retraite.

L'autre point du roman étant cette ambiance sombre, tendant vers la dark fantasy du point de vue psychologique, où la trahison et manipulation se superpose aux divers sentiments des personnages (amour, haine, devoir...) Afin de servir une vengeance ou une prophétie subie.

L'ambiance du roman incitera sans doute moins le lecteur à s'attacher aux personnages,  fort peu sympathiques dans leurs diverses faiblesses.



*****


Au final, prophétie subie qui pousse à agir à l'encontre de sa morale propre, questionnement sur le mythe de la fin de l'âge d'or ou de l'apparition d'une nouvelle ère, la proposition littéraire d'Adrien Thomas, assez intéressante, est de jouer avec certains concepts de la fantasy et d'insérer pour le lecteur en forme de clin d’œil une réplique conclusive  au sein de son histoire... Pour une certaine distanciation ironique?

"Il détestait cette histoire où tout ne semblait fait que de coups bas, de trahisons, d'alliances fragiles et d'opportunités savamment exploitées... Comme si rien n'était spontané, comme si tout était prévu de longue date, comme si le chemin était déjà tracé, et qu'il était impossible de faire autre chose que  subir... Il avait lui même participé à cette tempête de félonies, de dissimulations et de coups de poignard, il avait joué un double jeu pour l'un ou l'autre des camps pendant ce qui lui paraissait des siècles sans jamais avoir l'occasion de révéler ce qu'il désirait réellement (...)"


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