dimanche 3 février 2019

CP : Altered Carbon la série



où quand de bons ingrédients font une mauvaise soupe

Encore une Chroniques Perdues (CP), un brouillon inachevé d'échos du passé...

J'avais beaucoup apprécié le roman Carbone Modifié (Altered Carbon) de Richard Morgan, ainsi que ses deux suites... Et attendait avec un à priori favorable l'arrivée de l'adaptation en série sur Netflix...

Pour être d'abord séduit par l'aspect et le rendu visuel du premier épisode, avec un "pourquoi pas" dans les épisodes suivants pour déchanter progressivement avec un basculement à l'épisode 5, et ensuite me demander "ce que je foutais là" pour finir par faire avance rapide sur le dernier épisode.

Cette série est sans doute exemplaire pour montrer ce qu'il ne faut pas faire quand on prend un matériel originel pour l'adapter dans un autre média : ne prendre qu'une partie de ses thèmes essentiels, changer la psychologie de ses personnages (ou en inventer d'autres), leur histoire et leurs relations... Pour se retrouver avec une série vaguement inspirée sur la forme de son oeuvre séminale.

Concernant le casting, les acteurs ne sont pas mauvais (à l'exception de Kristin Lehman, l'actrice de Myriam Bancroft qui me semble peu adéquate pour un rôle peu présent dans l'histoire originelle, mais pourtant essentiel), mais mal dirigés ou mal servis par l'écriture de leur rôle. Le développement du rôle de l'IA gestionnaire d'un hôtel est toutefois une bonne idée scénaristique - une des rares - et incarnée par un bon acteur.

L'un des premiers péchés des producteurs de cette chose, est d'avoir voulu rendre essentiel la thématique de l'hybris des puissants de ce monde qui ont accès à toutes les ressources de l'immortalité, en la croisant avec les interrogations sur les religions et le bien fondé de cette technologie qui peut transférer la personnalité d'un individu dans un nouveau corps. 

Alors que la série originale est portée sur une dimension et réflexion sur le pouvoir, l'autorité et ses abus, la  révolte et comment reprendre le pouvoir...


Cette thématique est appuyée de façon bien lourde dans plusieurs scènes :  comme Laurens Bancroft qui prend des allures de figures christiques en distribuant directement de l'aide alimentaire à des personnes contaminées...

Ou le dialogue suivant (de mémoire totalement inexistant dans l'oeuvre originale) :

-Etes vous croyant?

-Je crois que ma soeur se sert de vous.

-Vous lui manquez de respect.

-Les Maths et le respect, c'est maladif.Ce sont juste des Maths pleins aux as, qui ne font pas leur âge.
- Vous ne comprenez pas Monsieur Kovacs.
- Je vous vois venir.
- A travers l'histoire, nous avons prié des Dieux. Implorés leur miséricorde et leur protection. Symbôles du soleil et du ciel. Du sang et de la guerre. Les dieux d'Abraham, de Mahomet, du Christ ou de Krishna. Tous silencieux.
- Attaquez moi je vous en prie. Ce serait moins douloureux.
- Pour la première fois ils répondent à nos prières.
- Ce ne sont pas des dieux, même s'ils aiment à se le répéter.
- Leur pouvoir est absolu et ils ne connaissent pas la mort. Que seraient-ils d'autres?
Le deuxième péché est celui d'avoir changé des caractères de personnages, en avoir créé d'autres pour appuyer encore plus cette thématique précédente avec Quellcrist Falconer ou "la soeur du héros". Ou bien le caractère larmoyant de Takeshi dans cette itération bien plus larmoyante qu'à l'origine...

Ensuite ne parlons pas des Diplos qui deviennent des terroristes dans la série...

En conclusion, avec tous les choix scénaristiques (dont la plus part étaient inutiles), les producteurs de la série ont réussi à changer un excellent matériel originel en une soupe insipide et conventionnelle qui se dévoile à partir de l'épisode 5, avec histoire d'amour à la clé...

Mais mieux que ce bref brouillon inachevé, lis, relis le livre et regarde ce qu'en pensent les gars du Nexus VI, citoyen : ICI.

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