mercredi 18 octobre 2017

Rattrapage : Babylon V



Babylon V était une série de SF diffusée dans les années 90 (entre 1993 et 1997), réputée à l'époque pour son scénario "cas d'école" (c'est à dire une histoire déjà pensée sur l'intégralité de la série, bien avant de tourner le premier épisode).  De mémoire, lors de la première diffusion en France, j'ai dû regarder quelques épisodes chez un ami, sans plus de souvenirs. L'été 2016 sera l'occasion d'un rattrapage et la chronique ci-dessous, couvre environ 3 saisons : je n'ai pas eu la motivation de poursuivre plus loin et la reprise de cette chronique près d'un an après rend difficile de rédiger mes impressions, d'où ce texte inachevé.

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Ce qui frappe au premier abord, c'est une vision du futur datée des nineties, sans vraiment de challenge prospectif (à mettre en relief à contrario avec un the expense), comme la place des médias (S2-ep15), dominé par des émissions d'informations et, l'absence de réflexions sur l'impact d'internet en tant que média alternatif.

C'est que les inspirations sont sans doute plus à chercher dans les auteurs du passé (des années 50 à 70 - guère de cyberpunk dans cette série), et par exemple la présence de pouvoirs psy (télépathie...). A ce titre, la série doit sans doute beaucoup à l'homme démoli d'Alfred Bester.

Le scénario suit aussi un schéma plutôt standard.... d'heroïc fantasy (une vieille prophétie avec le retour des Ombres, l'utilisation de ces puissances par une nation pour en vaincre une autre, la nécessité de lutter dans une coalition,un élu, des héros, etc...) que de SF, avec une vision géopolitique développée.

L'histoire de la terre est également très américanocentrée (mais à cette époque nous parlions d'hyper puissance américaine).

L'idée d'un conflit entre plusieurs nation, la fuite et le problème croissant de réfugiés est malheureusement toujours d'actualité.

La Terre glisse vers l'autoritarisme et instaure une milice, après un coup d'état et la répression des tentatives d'indépendance de Mars. Le glissement vers un état total n'est pas loin.

Dans ce futur, la réaction des terriens n'est pas glorieuse et nous ressentons ce début d'abdication face à un ennemi en devenir agressif (lorsque les centauris se mettent à envahir les nations environnantes, il est tentant de signer un pacte de paix avec eux). Si les systèmes ne prennent pas toujours les bonnes décisions, individuellement, certaines personnes tentent de prendre avec courage les choix qui s'imposent.

La réalisation est d'époque, plutôt axée drama, avec ces musiques irritantes ponctuant des moments de péripéties, etc...

Le jeu des acteurs et les dialogues surprendra aussi. J'ai vraiment eu du mal à m'y faire lors de la première saison. Nous pourrions aussi parler du code narratif de l'époque avec des épisodes "inutiles" suivant en stand alone certains personnages, sans que cela soit vraiment intéressant (l'addiction du docteur et sa "traversée du désert").

On voit même l'acteur jouant le héros principal débarqué de la série parce que la chaîne le trouvait trop mou. Encore heureux qu'ils n'aient pas changé l'acteur en gardant le même personnage...

Les éléments"graphiques" confirment une vision très datée, comme un écran de stratégie d'un général (le père du médecin) montrant une carte avec hexagones ou les écrans de choix de la station, les scènes extérieures de la station ou batailles spatiales... Ils apparaissant aujourd'hui très rétro et évoquent les scènes cinématographiques de jeux vidéos qui nous excitaient à cette époque. Les nostalgiques verseront une petite larme.



Cette série a donc vieilli et pas toujours dans le bon sens, mais elle se laisse regarder si vous n'avez pas grand chose à vous mettre sous la main (une gageure à l'ère netflix).

Elle possède ainsi certaines qualités : une vision politique, une histoire de heroic fantasy spatiale pas inintéressante, un point de vue original, c'est à dire une  "grande histoire" qui se vit à partir d'un territoire "(presque) neutre".

De fait, l'opposition entre les Narns et les Centauris, cristallisée par les ambassadeurs G'Kar (Narn) et Mollari (Centauri) est prenante, et leur histoire vire à la tragédie. Les acteurs Andreas Katsulas  et Peter Jurasik ont pris l'ampleur de leur rôle petit à petit : ils sont excellents à partir de la saison 2. Et Andréas Katsulas arrive à faire passer de nombreuses émotions malgré le masque qu'il porte.

Ajoutons que Babylone V aura vu passer son lots d'acteurs invités selon les épisodes, comme Michael York, le héros de l'âge de cristal en vétéran d'un combat, en pleine psychose et se prenant pour le roi Arthur ; Robert Englund, l'acteur de Freddy, qui joue un philosophe illuminé, etc... Notons en personnage récurant Walter Koening (le Chekov de Star Trek) qui joue "Alfred Bester" (un membre du corps psi), etc...

Au final une série qui peut mériter un regard pour son aspect historique charnière, pour les morts de faims ou nostalgiques d'une époque et pour les pugnaces (se farcir les anciens codes dramatiques peut être usant).

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