lundi 29 mars 2021

La Flibustière des Antilles (Anne of the Indies) réalisé par Jacques Tourneur (1951)



Oh combien cela perturbe de regarder un film de Jacques Tourneur en couleur après  une série de quatre films en noir et blanc où le réalisateur jouait avec les ombres et la lumière pour imposer une ambiance étrange et fantastique.

La flibustière des Antilles ou Anne of the Indies est  donc un film surprenant, éclatant de couleurs pour mettre en valeur une histoire de pirates dans la mer des Caraïbes, issue d'un roman d'Herbert Ravenel Sass : tonnelets de rhum percés, pirates sans merci mais respectant une forme de démocratie à bord (dans le partage des parts), combats au sabre, capitaine féminin, taverne et barbe noir truculent, marchés aux esclaves, amours et trahisons.... Voici ce que nous offre Jacques Tourneur dans ce film d'aventure truculent et mélodramatique, de 1951 réalisé pour la 20th Century Fox, une histoire composée de personnages hauts en couleurs.

Sommes nous bien dans un film de pirates classiques ? Le spectateur moyen actuel dont je fais partie n'a sans doute pas une connaissance suffisante de ces films pour répondre, mais le côté atypique par rapport au cliché m'a au final agréablement surpris : une carte  déchirée à l'authenticité douteuse, un trésor qui n'est sans doute peut-être pas celui auquel on pense, une capitaine pirate (une première dans un film hollywoodien), etc...

Les jeunes spectateurs peu familier des films anciens seront peut-être désarçonnés par le mouvement assez statique des bateaux, mais les scènes sur les ponts des navires compenseront cela.

La présence de Louis Jourdan, dans le rôle du Capitaine Pierre François La Rochelle, un acteur français ayant fait carrière en Amérique rappellera à notre mémoire défaillante que certains frenchies ont parfois réussi à se faire un trou au pays de l'Oncle Sam.

Le Docteur Jameson du sheba Queen, médecin alcoolique et philosophe à ses heures perdues, joué par Herbert Marshall, portera un regard désabusé sur sa situation et le bateau. En cela il est porteur de la morale de ce petit monde en soi.

La Capitaine pirate (Jean Peters, future femme d'Howard Hugues), Anne Providence, tourmentée par un désir (une féminité non affinée) et un devoir (sa position de capitaine) contradictoires, se dirige vers un chemin tragique, tandis que barbe noir (Thomas Gomez) traverse ces péripéties tantôt en parrain, tantôt en main du destin.



Bonus : le blu-ray, complété du documentaire "Variations sur Anne Providence" de Pierre Berthomieu (17 mn), complètera agréablement d'une analyse intéressante le film.


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