vendredi 27 mai 2022

Coffret 5 pink films : BR1 une poupé gonflable dans le désert d'Atsushi Yamatoya



Coffret 5 pink films : 

Le pink eiga est une forme de cinéma érotique (notamment pour l'époque où la censure était importante) initié dans les années 60 et très actif pendant les années 70. Si l'érotisme est surtout anecdotique au début des années 60, il en devient un des thèmes principaux ensuite (toute proportion gardée avec notre époque), et comporte notamment certaines formes de violences sadiques.  La nikkatsu fut l'un des studios les plus emblématiques du genre sous le terme de roman porno à partir des années 70.

Ce genre de cinéma était tourné avec peu de budget en 35 mm avec des réalisateurs expérimentés et compétents, qui influaient dans leurs œuvres une certaine dimension esthétique. 

Les films des Blu-rays proviennent de masters 4K de 2018 issus des dernières copies 35 mm qui ont été conservées. Il a été expliqué que l'équipe de restauration aurait décidé de ne pas pousser la restauration de l'image afin de proposer une expérience proche de celle du film à l'époque de sa diffusion dans un cinéma. Je dois avouer trouver cet argument oiseux, les copies retrouvées des films n'étant plus les neuves d'origines (elles ont dû se dégrader par la poussière, les griffures, la couleur, etc). Et cela se voit d'autant plus sur un grand écran. Mais cela gène t il le visionnage ? Sur certains films, je dirais que oui. Mais moins sur d'autres comme une poupée...





BR1 : Une poupée gonflable dans le désert aka Kôya No Dacchi Waifu, a été écrit et réalisé par Atsushi Yamatoya (1967). 

synopsis (extrait du site forum des images) : L’homme d’affaires Naka charge le tueur à gages Sho de retrouver son épouse kidnappée Sae. Il se trouve que le chef des kidnappeurs, Ko, a assassiné quelques années plutôt la fiancée de Sho.


Atsushi Yamatoya n'a réalisé que quatre films et est bien plus connu pour son travail de scénariste, notamment au sein du collectif "groupe des 8" (formé autour du réalisateur Seijun Suzuki). Il a participé à l'écriture scénario de la marque du tueur. Et de fait, il y a bien une "parenté" avec le film de Suzuki : cela se ressent dans le montage de ce film, tout en m'apparaissant un peu moins maîtrisé. 

Toutefois, ce montage  en forme d'énigme ou de collage, n'est pas déplaisant et ne perd pas le spectateur.

Le réalisateur nous entraîne-t-il dans la folie ou le fantasme de ce tueur à gage ?  Rien n'est sûr pendant longtemps pour le spectateur. 

Passé et présent se mêlent dans cette fuite du temps filmée en noir et blanc, apportant une identité propre aux scènes de rues qui m'évoquent un peu Daido Moriyama et mettent en valeur la beauté du corps féminin. Le film nous dépeint un monde assez féroce, où la gente féminine a le plus à perde dans cette histoire finalement loin de l'érotisme pour plonger dans le film noir.

La musique, composée par yosuke yamashida, pionnier du free jazz au Japon, sonorise parfaitement les intentions de Yamatoya Atsushi.

Selon la présentation de Dimitri Ianni, dans le bonus du blu-ray, Une Poupée... serait influencé par les conceptions de Toshio Matsumoto sur le cinémaréalisateur des funérailles des roses et pourrait être interprété comme une méditation sur le temps subjectif à l'approche de la mort.


Sur ce film est-on encore dans le pink eiga (film érotique) selon les standards de notre époque ? A vous de voir mais il me semble que l'on se tournerait plus du côté du film hard Boiled  et nouvelle vague avec une présentation plus crue des corps.

Au final, une superbe découverte éloignée de ce que je m'attendais à voir.


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