dimanche 8 mai 2022

Super Express 109 réalisé par Junya Sato (1975)



Super Express 109 (Aka the Bullet Train ou 新幹線大爆破 shinkansen Daiakuha) réalisé par Junya Sato et sorti en 1975 sur les écrans japonais, disposa d'une petite notoriété à l'internationale (néanmoins dans une version cutée): nous étions alors en plein boom des films catastrophes (dont Airport 1970 ou la tour infernale 1974, pour n'en citer quelques uns) et les studios japonais avaient décidé de ne pas être en reste du mouvement.

Le projet d'un film catastrophe sera transmis à Junya Sato, réalisateur maison de la Tôei, qui réunira un casting de prestige avec notamment Takakura Ken (dans un rôle tragique), Sonny Chiba (étonnant contrôleur de train), Ken Utsui (impressionnant dans le rôle du contrôleur du réseau des shinkansens)... Une curiosité pour les français sans doute, la présence d'Akira Oda ("Ryu Staros".... de San Ku Kaï)... Et le film sortira en 1975 au Japon.

Après un acte manqué avec sa diffusion dans l'étrange festival il y a fort longtemps, la sortie chez Carlotta de ce film dans une version complète, avec deux reportages bonus, sera pour moi l'occasion de revenir sur ce film étonnant à plus d'un titre, responsable d'une bonne petite claque pour mes goûts particuliers.

synopsis : 1 500 passagers viennent d’embarquer à bord du train à grande vitesse « Shinkansen » reliant Tokyo à Hakata, dans l’ouest du Japon. Peu après son départ, le directeur de la sécurité ferroviaire reçoit l’appel d’un homme déclarant avoir placé une bombe à son bord. Celle-ci explosera si la vitesse du train descend en dessous de 80 km/h. Le compte à rebours est lancé : toutes les forces du pays se mobilisent pour rechercher le groupe de terroristes et payer la rançon exigée de 5 millions de dollars…

- Cette Chronique contiendra quelques spoilers -

Film de catastrophe cachant bien son jeu, Super Express 109 déjouera les attentes du spectateur en lui rajoutant un pendant policier et social, la fin de l'histoire dépassant l'habituelle fin de la catastrophe - ici l'arrêt du train et le sauvetage des passagers - pour aller au bout de sa démarche, celle d'une conclusion sans concession, non exempte de dénonciation d'un certain pouvoir.

Nous sommes alors en pleine crise économique au Japon : les petites sociétés font faillites les unes après les autres et les émeutes étudiantes des années précédentes semblent bien loin. L'exercice du pouvoir régalien ne semble là que pour justifier la position sociale des forts.

Junya Sato mettra en scène avec efficacité la découverte de la menace pesant sur un shinkansen, dont les excellentes mesures de sécurité (destinées à parer aux diverses catastrophes japonaises) compliqueront 'éventuelle nécessité de désamorcer une bombe dans un train, ou d'en minimiser les conséquences...

Se dévoilera sous sa caméra un train dont les occupants prendront l'allure d'une mini société paniquant progressivement. 

Face à l'urgence de la situation, le comportement approximatif de la force policière, bien peu adaptée à ce genre de menace, finira par nuire à la sécurité des passagers dans la poursuite de son enquête (découverte des coupables et d'une manière de désamorcer la bombe), ce que notera le contrôleur des Shinkansen, l'une des rares vigies morales de ce film. Pris par la recherche des coupables, la police en arrivera à mettre au second plan l'objectif de sauver les passagers, poussant la société des chemins de fer à trouver sa propre solution pour stopper le train sans encombre.

Elle s'opposera à la lâcheté de la décision du pouvoir gouvernemental de prendre un moment la décision d'arrêter le train dans un endroit désert, plutôt qu'en pleine ville, mettant en balance le sacrifice de quelques uns, pour la sécurité du plus grand nombre.

Maîtrisant habillement le suspense, le réalisateur montrera le parcours des poseurs de bombe comme des anti-héros, au travers d'allers-retours entre passé et présents, dont le plan, si minutieux qu'il soit, ne pourra qu'échouer devant les petits grains de sables que recèle la vie et la rouerie de la police pour arrêter les coupables par tous les moyens.


En matière de réalisation, le film est maîtrisé de bout en bout, utilisant diverses techniques de l'époque : zoom, scènes alternant prises de vues et maquettes pour les trains, flash backs par divers moyens techniques mettant en valeur le passé des poseurs de bombe (dont une scène assez chouette de photographies sépias d'un match de rugby pour se concentrer sur deux spectateurs ) ou scènes significatives aux effets visuels variés.
 
Certaines scènes sont bluffantes de maitrise quand à l'utilisation de maquettes

En conclusion, un film catastrophe dépassant cette mention, diablement intelligent dans son exécution. Une réussite à regarder si l'occasion se présente.


L'édition prestige dont je dispose, comporte le DVD et Blu-ray, la VOSTF (de 152 mn), l'ancienne VF (de 100 mn), deux bonus mentionnés ci-dessous, un jeu de 9 cartes postales, un poster et un fac-similé du pamphlet japonais de cinéma. A noter une petite faiblesse des productions Carlotta, ce sont les décollement de certaines faces de boites (comme ici par exemple). Pour une édition prestige, c'est légèrement décevant.

Les deus reportages des bonus du film complèteront agréablement pour l'amateur ses connaissances du film :

- Un express poupée russe - entretien avec Fabien Mauro , décrivant le contexte de l'époque, des acteurs, et de la portée du film.

- Gros film, grosse panique - entretien avec Junya sato, le réalisateur, se focalisant sur le process de création, les réflexions sur l'idée, le scénario, etc...

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