jeudi 10 octobre 2024

Hantise réalisé par George Cukor (1944)

 

Hantise - ou Gaslight en VO - est un film réalisé par George Cukor (1944), avec le "frenchy" d'hollywood, Charles Boyer, Ingrid Bergman et Joseph Cotten. Ingrid Bergman aura un oscar pour ce film.
 
Synopsis : Une jeune fille tombe amoureuse de Grégory, un séduisant homme plus âgé, se marie rapidement et s'installe avec lui à Londres dans la maison de sa tante, une ancienne chanteuse d'opéra, assassinée. Progressivement, elle semble perdre la tête : oublier des faits et gestes, voir l'éclairage au gaz vaciller alors qu'il serait constant...Tandis que son mari est de plus en plus distant...
 
Ce film dresse dans le cadre de ce thriller psychologique, le portrait d'un mari manipulateur et d'une épouse sous emprise.
Il nous parle d'amour dans plusieurs acceptations : l'amour possessif et l'amour des choses telles que la soif des trésors du personnage joué par Charles Boyer, notre frenchy d'hollywood pour l'époque.
 
La réalisation est habile et nous plonge un moment dans une zone d'indétermination avant de dévoiler le mystère. 
Ingrind Bergman aura un Oscar d'interprétation pour ce rôle.
 
Un bon film noir d'époque. A conseiller.

vendredi 9 août 2024

Mildred Pierce & la planète interdite

Quelques notes de 2 films intéressants vus récemment grâce à un ami :



Mildred Pierce est un film réalisé par Mickael Curtiz en 1945 avec Joan Crawford, Jack Carson et Zachary Scott. Il est adapté d'un roman de James M Cain (1941), qui adopte une approche naturaliste pour parler de la femme indépendante de la classe moyenne qui doit s'assumer après un divorce, dans un contexte post-grande dépression. Le film est un film noir construit un peu comme un jeu de piste : un meurtre a été commis et des flashbacks sont présentés au spectateur avant d'obtenir la révélation de l'auteur. Le film est intéressant à plus d'un titre pour présenter des caractères trempés dans leur époque et une histoire où leur psychologie compte. Mildred, une femme qui prendra toujours les mauvaises décisions...



La planète interdite (1956) réalisé par Fred McLeod Wilcox et produit par la MGM est un film essentiel dans l'histoire de la SF au cinéma. Un des premiers films dans le genre à gros budget pour son époque, pris au sérieux par ses équipes. Des moyens furent donc mobilisés pour les décors dans de grands studios, les peintures d'espaces étoilés, et du "design d'un robot", Robby, assez réaliste pour son époque (avec des gyroscopes visibles dans la tête) et que l'on verra réapparaître dans d'autres oeuvres : the invisible boy (1957) et the thin man : robot client. Ce "robot" fut un peu le C3PO/RD2D2 que tout gosse voulut en jouet à son époque. 

Mais parlons du film : une équipe de traverse l'espace afin de porter secours à des scientifiques ne donnant plus signe de vie après s'être posés sur une planète étrange. Ils y découvriront un scientifique survivant et sa fille, un robot qu'il a construit après avoir découvert une base monumentale d'une civilisation mystérieusement disparue, avant de devoir faire face à un monstre ... représenté en animation sur la pellicule, grâce aux équipes de Disney venues en renfort. L'origine du monstre et de la chute de cette civilisation extra terrestre sera surprenante.

Au rang des acteurs Anne Francis dans le rôle de l'ingénue élevée seule sur cette planète par son père,  Walter Pidgeon, excellent rôle dramatique, et Leslie Nielsen, que l'on verra bien plus tard dans des rôles comiques (y a t il un flic pour....).

La musique sera également singulière, étant la première musique de cinéma réalisée à partir de sources électroniques par  Louis et Bebe Barron. Il leur faudra plusieurs mois pour créer cette bande son et ils ne pourront être crédités en tant que musiciens au générique, suite à une opposition du syndicat de la musique américaine, selon l'un des bonus présents dans le Blu Ray.

Pendant le visionnage, je ne pouvais m'empêcher de trouver un air de famille avec Star trek, la série originelle. C'est que Gene Roddenbery aurait été fortement inspiré par cette oeuvre : les décors saisissants de la maison du savant (qui évoquerait des maisons modernes d'architectes des années 50), certaines scènes dans le vaisseau spatial (évoquant l'esthétique de l'effet de la téléportation) ou les dialogues entre le docteur et le capitaine, devisant sur le destin de cette civilisation... Tout cela rappelle effectivement Star trek, que les spectateurs découvriront en 1966. En conclusion ? 

Un film jalon de l'histoire de la SF à regarder absolument.


vendredi 21 juin 2024

Dune 2


Voici le brouillon d'une chronique que je n'ai pas réussi à mener à bien ... Avec le passage des jours et des pensées ou frustrations perdues dans le vent. Déçu par cette adaptation ? Oui....Pourtant j'étais prudemment et raisonnablement convaincu par la première partie...

 

A trop vouloir étreindre l'air du temps, on risque de se perdre en route...

En remarque liminaire, il est difficile de nos jours d'apporter une critique circonstanciée envers une œuvre, sous peine de se voir affublé d'une étiquette de "hater", personne présumée incapable d'être satisfait d'une adaptation. L'on nous pardonnera difficilement nos réserves pour un film qui, pris en tant que blockbuster de divertissement et en comparaison des Marvels, au niveau cinématographique assez bas, se trouverait installé sur un piédestal. Il est toutefois difficile de cacher sa déception quand on avait un matériel originel d'une grande richesse. Alors que nenni, essayons quand même de développer nos impressions... [La chronique ci-dessous divulgâchera un tant soi peu le roman ou le film].

Si Dune 1, avec quelques défauts, donnait la sensation d'essayer d'adapter honnêtement le roman de Franck Herbert dans sa complexité et l'ensemble de ses thématiques (parfois avec quelques trop brèves références : la guilde spatiale, les mentats... ), Dune 2, malgré des qualités graphiques formelles et un rythme accru, s'est éloigné de l'univers de l’œuvre, notamment en jetant aux orties toutes les références mentionnées dans la première partie et en donnant une place trop prépondérante au personnage de Chani (beaucoup moins présente dans le livre) ou au rôle de Jessica (pourtant déjà essentiel) et en réduisant cette histoire à une unique question (très appuyée) de révolution religieuse.

A l'instar de Blade Runner 2049, Denis Villeneuve nous propose une adaptation ainsi  simplifiée, en partie par appauvrissement des thématiques de l'œuvre originale, enveloppées dans de belles images et un montage parfois curieux. Il me laisse une impression confirmée au fil de ses réalisations, d'être plus un bon technicien qu'un vrai cinéaste.

Sur ces tendances appuyées dans Dune 2, Dennis Villeneuve aurait confirmé dans quelques entretiens qu'il tenait à développer le passage chez les fremens et leurs traditions, la présence de Chani, et dans une moindre mesure celle de Jessica, tout en appliquant une focale sur la manipulation religieuse.

Dune 2 : une adaptation appauvrie, dans l'air du temps

En impression générale, l'aspect visuel est vraiment soigné et Villeneuve confirme ses qualités graphiques pour amener des visions monumentales de SF, s'il en était besoin, Cela évoque puissamment les illustrations d'ouvrages des années 70 ou 80 (comme suidmak). Nous en avions déjà eu un aperçu dans contact. La réalisation est plus nerveuse,  notamment pour les scènes d'actions. Ce qui créé quelque part une vraie rupture de rythme avec la première partie de Dune. 

En dehors de ces scènes, il ne se passe finalement pas grand chose et plus on avance dans le film, plus on s'éloigne du matériel d'origine pourtant d'une densité folle, dans une démarche de simplification forcée. Pourtant le film est long et aurait pu développer des aspects de l'oeuvre originale, évoqués dans la partie 1. Mais la partie 2 choisit de faire disparaître le rôle des mentats et celui de la guilde spatiale, d'affadir la présence du baron Feyd Rautha dont on ne sent plus le caractère de déviant machiavel (au sens figuré).

La durée déjà longue du film 2h46 mn pourrait inciter à dire qu'il était difficile d'en rajouter plus, pour se coller au roman, mais une grande partie du film est excessivement occupée de scènes centrées autour de Chani et dans une moindre mesures de Jessica, ou bien par des descriptions des coutumes des fremens.

 Au centre les femmes ...

Il est fort possible que des spécialistes de l’œuvre romanesque de Frank Herbert me contredisent, alors les éléments suivantes seront surtout totalement subjectifs, issus de l'image que je me suis fait de cet univers, de mon interprétation personnelle. Mais voici...

Peut-être est-ce en voulant étreindre l'air du temps, avec des femmes encore plus fortes et au centre de tout, que Denis Villeneuve a :
- surexposé le rôle de Chani et son influence dans le film où elle apparaît comme une révoltée continuelle influençant fortement Paul pendant un temps ;
- et a changé le rôle de Jessica sur le destin de son fils.
...Alors que les femmes sont déjà au "centre du jeu" dans les 5 tomes qui composent l'oeuvre originelle (toute la série de Dune est traversée par un fort pouvoir matriarcal porté par le bene gesserit).

Ainsi dans le film, Jessica pousse Paul à boire l'eau de l'épice une fois devenue révérende mère plutôt que de chercher à le freiner comme dans le livre, ce qui change beaucoup de choses : 

dans le roman, même dans le même camp, sa mère devenue mère révérende, cherche autant à le contrôler et conserver le pouvoir. Le cheminement de Paul est de ne cesser de chercher à échapper aux pouvoirs qui le contraignent (dont le bene gesserit et par extension sa mère). Même s'il finira par découvrir qu'il ne lui restera que très peu de latitude de choix possibles. Le sentier d'or qu'il cherche à suivre peut apparaître comme une autre soumission, celle du destin, ou bien celle issue de la planification mise en place par le bene gesserit pour faire apparaître le kwisatch haderach, une existence qui les dépassera...

Dit autrement, son geste de risquer sa vie à boire l'épice, m'apparaît comme une tentative  de recevoir le savoir qui permettra à Paul d'obtenir sa liberté, c'est à dire la connaissance pour trouver un chemin du moindre mal dans les visions qui l'assaillent.

Dans le film, sa mère devenue mère révérende grâce à l'eau de l'épice, le pousse à la boire, persuadée qu'il est le "kiwi" ultime. En un geste d'adolescent révolté et assailli de ses visions, il décide de partir dans le nord tout casser avec sa copine adolescente elle aussi en colère. Quand les keufs nazirkonnens se pointent, ils repartent dans le sud. Il rejoint sa mère et prend la drogue de sa dealeuse de daronne , fais un mauvais trip dont il ressort avec des visions.

Plus sérieusement, il reste l'objet du contrôle sans avoir vraiment une capacité d'agir autre que par réaction et à son corps défendant, comme un adolescent rétif. Un passage vers la fin dans le dialogue entre mères réverantes est ainsi signifiant. Les femmes contrôlent, quelque soit l'illusion des hommes. Ce point est renforcé par les "scènes" de fin dans le dialogue entre révérantes mères.

Un montage peu harmonieux :

Évoqués plus haut, les brisures de rythme entre Dune 1 et 2, les écarts entre les informations données, personnages présentés dans la première partie et ce que le réalisateur en fait ensuite.
Les longueurs sur les coutumes et les relations stiltgar, shani, Paul.
Des scènes poussives ou non nécessaires : le tapage de pied "adolescent" de Paul pour que l'empereur enfin s'agenouille et abdique. La chevauchée du ver de sable de Chani boudeuse et rageuse pour scène de fin (sigh).

Films et romans, romans et films, des problèmes éternels d'adaptations à nos époques...

Le roman de Dune donnait l'impression d'une oeuvre que l'auteur avait voulu détacher d'une analogie simpliste de son temps alors que le film semble vouloir s'y plonger, s'y raccrocher : 

- l'emphase sur la division Nord et Sud d'Arrakis ;

- la religion et ses manipulations de masse par un étranger, le seul thème ?

Des différences, des différences avec le livre :

- une durée de révolte inférieure (grosso modo inférieure à la grossesse de la mère de Paul);

- l'absence d'alya qui est représentée en fœtus à qui on parle;

- le passage sur la chevauchée du vers, je crois

- la recréation du personnage de Chani (sa caractérisation n'est pas toujours heureuse).

- le dénouement du film différente où est gommé l'aspect sur le pouvoir économique : le pouvoir de la guilde, des banquiers et transporteurs est occulté, etc...


jeudi 20 juin 2024

Les jeux vidéos et le souffle de la SF

 L'une des qualités de la Science Fiction est d'emmener l'amateur dans un état de sense of wonder, ou sentiment d'émerveillement que procure des projections plus ou moins exactes de ce que pourrait devenir le futur dans une démarche positive : la téléportation, le voyage intersidéral, etc... ou non, tel que les conflits spatiaux...

Certaines œuvres et certains médias nous entrainent ainsi dans un état d'immersion propices aux rêves et introspections du futur...

En matière d'immersion, le jeu vidéo est support complémentaire en ce qu'il permet de créer des liens interactifs forts avec le joueur par ses choix tout en stimulant son imagination.

Ces derniers temps, deux jeux de simulation ont su capter mon attention pour ce sens de l'immersion. Il en existe certainement bien d'autres (je joue assez peu, comparativement aux passionnés).

 

Aven Colony

Aven Colony est un beau City builder (ie dans le genre de Sim City), bien pensé, de colonie spatiale sur des planètes étrangères. Où comment se mettre dans la peau d'un gestionnaire de peuplement humain sur une planète étrangère. Le jeu dans ses mécanismes et options reste suffisamment fin pour générer une certaine durabilité de l'intérêt (existence d'une campagne avec objectifs).

 


 

 Sid Meier's Starships

 Dans le même univers que Civilization: Beyond Earth, le "Civilization SF", ce "petit" jeu relativement simple et qui rappellera des jeux de plateau (avec une grille de polygones), a pour objet de simuler des batailles spatiales après des phases de génération et utilisations des ressources, améliorations des vaisseaux spatiaux et avancements de la science ayant une influence sur ceux-ci.  L'aspect visuel de la carte d'un système stellaire vous plongera dans la peau d'un stratège d'un lointain futur.