jeudi 21 août 2014

L'oeil de chat (eye of cat) de Roger Zelazny (1982)



quatrième de couverture: Pour mener à bien une mission périlleuse, William Cheval-Noir Singer, le plus grand chasseur de tous les temps, pactise avec une bête aux étonnants pouvoirs télépathiques qu'après avoir lui-même capturée et arrachée à son monde, il fait évader du zoo interstellaire. Mais dès sa libération, Chat, dont la haine décuple l'intelligence et la ruse, n'aura de cesse de venger le génocide de sa race. S'engage alors une traque à mort où l'ancien chasseur est devenu le gibier d'un être aux pouvoirs diaboliques, dont l'œil unique pourrait évoquer celui de Caïn. Seule chance de salut pour Cheval-Noir : le retour à la foi de ses ancêtres navajos dont il est – lui aussi – l'unique descendant, pour y retrouver l'antique chemin des victoires, victoire sur la peur, victoire sur les ombres, victoire sur soi-même.

Le quatrième de couverture comporte une inexactitude : il n'a pas été opéré un génocide de la planète de Chat, mais celle-ci a disparu après que son soleil soit devenu une hypernova.

Beaucoup d’œuvres de Roger Zelazny comportaient des références mythologiques, jusqu'à créer plusieurs niveaux de lectures. Dans ce roman, les mythes et légendes des Navajos (ou du moins des natifs américains) sont très présentes.

L'auteur dédicace ce livre à "Joe Leaphorn, Jim Chee ", deux personnages Navajos des romans de Tony Hillerman, ainsi qu'à ce dernier. En effet, Zelazny avait été inspiré par l'oeuvre de Hillerman pour écrire sur la vie et la culture des Navajos.

Hillerman lui retournera le compliment en faisant lire une œuvre de Zelazny par un de ses personnages pendant une surveillance (pour des chroniques sur l'oeuvre de Hillerman, ce blogue).

William Cheval Singer, un chasseur à la retraite, autrefois employé pour capturer des créatures sur d'autres planètes destinées à des zoos sur terre (et sans doute à des fins de recherches).
On vient toutefois le solliciter pour empêcher l'assassinat politique d'un représentant extra-terrestre alors qu'un traité doit être signé. Devant la nature particulière de l'assassin (télépathe métamorphe), il décide de faire appel à Chat, un extra-terrestre possédant également ces qualités, dernier représentant de sa planète. Celui-ci accepte en échange de la possibilité de pouvoir exercer sa vengeance sur William, dernier représentant d'une tribu de  Navajo.

Une phrase très significative de ce roman me semble être celle d'un personnage au héros "C'est à toi de le dire. Quand les dieux gardent le silence, quelqu'un doit choisir." William Cheval Singer est un homme qui a vécu  dans une société quasi-néolithique pendant son enfance, avant de recevoir une éducation, de voyager entre les étoiles. En passant à la modernité et recevant l'éducation qui va avec, les esprits qui peuplaient son univers ont disparu petit à petit. L'absence des dieux nécessite de faire des choix dans l'incertitude. Et à l'origine écartelé entre deux mondes, il ne reconnaît même plus ceux-ci. Il lui faudra reconnaître de nouveau son univers, le peupler de la culture qui le constituait pour pouvoir évoluer, se retrouver et peut-être survivre à la créature qui le chasse.

" J'ai peut-être connu une grande injustice, poursuivit-il. Si je l'ai enlevé à sa terre comme le peuple a été emmené à Fort Summer."

Chat, ainsi qu'il se nomme lui-même, est source de culpabilité pour Singer, lequel a commis une faute en l'enlevant de son environnement si cet E.T. est intelligent. C'est un doute qui le taraude alors qu'il doit faire face à ses dernières années.

En conclusion, l'oeil de chat, est un grand roman dont le style épouse l'évolution de l'histoire et du personnage : des paragraphes entrecoupés de contes ou chants de mythologies navajos, des coupures publicitaires et titres de la une qui  évoluent  avec le héros, des passages d'une grande poésie.
Des thématiques sont évoquées : le grand écart entre les cultures, l'effet que peut avoir l'évolution technologique sur ces dernières et la perte d'identité qui en résulte.

Pour qui ? Pour les amateurs du maître, et pour les autres aussi. Par rapport au style zelaznien habituel, on appréciera la touche ethnologique native americaine.

3 commentaires:

  1. Peut-être une de mes prochaines lectures de Zelazny, il ne me reste plus beaucoup de romans "importants" de l'auteur avant d'attaquer le cycle d'Ambre...

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  2. Par rapport aux livres que tu as chroniqué, je pourrais te proposer :
    - la série le concours du millénaire (3 romans) ;
    - toi l'immortel ;
    - route 666/les culbuteurs de l'enfer ;
    - aujourd'hui nous changeons de visage ;
    - repères sur la route ;
    - le trône noir ;
    - engrenage.

    Je n'ai pas lu certains romans comme le pont de cendres et flare ou donnerjack, non traduits.

    D'autres sont plus anecdotiques comme l'enfant de nulle part (2 romans. Une série YA était prévue) ou des curiosités comme ce Dies Irae écrit avec Dick. Le masque de Loki est bien écrit aussi.

    Pour Ambre, je suis également un fan boy. J'apprécie tout, même si seule la première série est du tout bon. Elle mériterait une nouvelle traduction. Quand on lit les romans les uns à la suite des autres, on s'aperçoit qu'il n'y a pas toujours d’homogénéité.

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  3. Alors je note tes propositions, certaines d'entre elles étaient d'ailleurs prévues au programme ("Toi l'immortel", "Aujourd'hui nous changeons de visage"), tandis que d'autres sont déjà lues ("Repères sur la route", la chronique arrive début septembre, j'ai trop de trucs avant).

    J'ai aussi lu "Royaumes d'ombre et de lumière", la chronique arrive dès lundi.

    J'ai également sur ma PAL (donc je lirai) "L'enfant de nulle part" (la version FolioSF avec les deux tomes en un seul volume) et donc "L'oeil du chat".

    Après ça, il ne me reste guère que "Le songe d'une nuit d'octobre" et "Route 666" qui m'intéressent.

    Ensuite viennent les collaborations qui m'intéressent un peu moins.

    Et donc, last but not least, Ambre... ;)

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